Noémie
Sauve vit
l’entreprise artistique sur un schéma guerrier. En lutte contre l’ennui et l’uniformité, elle reiconographie le monde qui l’entoure, dit elle, et s’attèle quotidiennement à la pratique artistique comme certains font du sport à outrance, se portent volontaires pour
affronter le feu ou s’en vont rejoindre leur chantier
chaque matin: « Dans ma tête je porte un bleu de travail
».
Autodidacte,
habitée par les prérogatives des collectifs politiques, pour Noémie Sauve l’art est un projet de vie à long terme. Cette quête
d’infini, cette envie de sentir un peu plus
encore et d’entrer en résonnance avec le monde qui l’entoure est viscérale. Frénétique et fantaisiste elle ne se refuse
rien tant que ce qu’elle s’autorise alimente
ses recherches.
D’un
travail préparatoire entrepris au quotidien, lequel relève de l’alimentation d’un stock, d’une base de données, issues de recherches
historiques et scientifiques, mais aussi d’un travail
moins documentaire et plus sensible d’observation des modes et
tendances urbaines, surgissent des propositions plastiques très cohérentes. L’ensemble constitue « un tout », un champ
lexical, un vocabulaire qui sert ensuite de
base à ses improvisations visuelles et
plastiques, ainsi
qu’au développement de son langage.
Le
plus souvent, ce procédé d’improvisation débouche sur un trait animal qui porte en lui l’énergie de l’improvisation, de
l’imprévisible, du sauvage et la structure bien fondée du
travail de recherche, documentée. Cohabitent ainsi des formes passées, héritées, digérées et des formes nouvelles, futuristes
chargées d’impulsions nouvelles, qui lui sont
personnelles. À mi chemin entre passé et
futur, ces
travaux tissés de ce lacis temporel constituent une cartographie de son
expérience du présent et viennent enrichir notre rapport au territoire, à notre nature animale, à nos rêves.
Énergiques,
utopiques, lumineux, les dessins de Noémie Sauve imaginent un univers décloisonné, libéré des figures imposées. Ainsi
elle réintègre les paillettes de notre enfance,
crayonne sans contrainte figurative, manie la couleur au feutre fluo comme guidée par une sorte de magie contagieuse.
Noémie Sauve aime à présenter ses recherches actuelles
sur l’animal et son environnement,
les actions de l’un sur l’autre, leurs relations, interactions, agissements sous l’appellation « Animal abîmé », qu’il
faut entendre comme suit:
l’animal
mis en abîme, placé, par un trait dense, haptique, dans une relation d’anamorphose au paysage qui le révèle en même temps
qu’il le questionne, qui le constitue, le modèle tout
en le transformant, et alors même qu’il l’atteint, l’endommage.
Le
travail de Noémie Sauve, comme un retour sur soi, est infiniment sincère, superbement fantasmagorique, rayonnant, tel un guide vers
un ailleurs à partager…
Maryline Robalo et Orianne Beguermont
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