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mardi 10 juin 2014

Texte présentation Noémie Sauve par la galerie PapelArt/// Maryline Robalo et Orianne Beguermont


Noémie Sauve vit l’entreprise artistique sur un schéma guerrier. En lutte contre l’ennui et l’uniformité, elle reiconographie le monde qui l’entoure, dit elle, et s’attèle quotidiennement à la pratique artistique comme certains font du sport à outrance, se portent volontaires pour affronter le feu ou s’en vont rejoindre leur chantier chaque matin: « Dans ma tête je porte un bleu de travail ».

Autodidacte, habitée par les prérogatives des collectifs politiques, pour Noémie Sauve l’art est un projet de vie à long terme. Cette quête d’infini, cette envie de sentir un peu plus encore et d’entrer en résonnance avec le monde qui l’entoure est viscérale. Frénétique et fantaisiste elle ne se refuse rien tant que ce qu’elle s’autorise alimente ses recherches.

D’un travail préparatoire entrepris au quotidien, lequel relève de l’alimentation d’un stock, d’une base de données, issues de recherches historiques et scientifiques, mais aussi d’un travail moins documentaire et plus sensible d’observation des modes et tendances urbaines, surgissent des propositions plastiques très cohérentes. L’ensemble constitue « un tout », un champ lexical, un vocabulaire qui sert ensuite de base à ses improvisations visuelles et plastiques, ainsi qu’au développement de son langage.

Le plus souvent, ce procédé d’improvisation débouche sur un trait animal qui porte en lui l’énergie de l’improvisation, de l’imprévisible, du sauvage et la structure bien fondée du travail de recherche, documentée. Cohabitent ainsi des formes passées, héritées, digérées et des formes nouvelles, futuristes chargées d’impulsions nouvelles, qui lui sont personnelles. À mi chemin entre passé et futur, ces travaux tissés de ce lacis temporel constituent une cartographie de son expérience du présent et viennent enrichir notre rapport au territoire, à notre nature animale, à nos rêves.

Énergiques, utopiques, lumineux, les dessins de Noémie Sauve imaginent un univers décloisonné, libéré des figures imposées. Ainsi elle réintègre les paillettes de notre enfance, crayonne sans contrainte figurative, manie la couleur au feutre fluo comme guidée par une sorte de magie contagieuse. 
Noémie Sauve aime à présenter ses recherches actuelles sur l’animal et son environnement, les actions de l’un sur l’autre, leurs relations, interactions, agissements sous l’appellation « Animal abîmé », qu’il faut entendre comme suit:
l’animal mis en abîme, placé, par un trait dense, haptique, dans une relation d’anamorphose au paysage qui le révèle en même temps qu’il le questionne, qui le constitue, le modèle tout en le transformant, et alors même qu’il l’atteint, l’endommage.

Le travail de Noémie Sauve, comme un retour sur soi, est infiniment sincère, superbement fantasmagorique, rayonnant, tel un guide vers un ailleurs à partager…
Maryline Robalo et Orianne Beguermont

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