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Parisienne d’adoption, drômoise d’origine, Noémie Sauve est à bord jusqu’à Nouméa. Pour cette trentenaire qui « a peur de l’avion et de l’eau », le début de son séjour n’a pas été vraiment facile. Embarquée en Nouvelle-Zélande le 7 août, elle a dû encaisser d’abord huit jours d’une navigation éprouvante face aux vents. Un mois plus tard, elle a trouvé ses marques tant sur le plan personnel qu’artistique. Rencontre avec une artiste passionnée qui utilise une méthode très particulière, fine et précise comme son coup de crayon.
Parisienne d’adoption, drômoise d’origine, Noémie Sauve est à bord jusqu’à Nouméa. Pour cette trentenaire qui « a peur de l’avion et de l’eau », le début de son séjour n’a pas été vraiment facile. Embarquée en Nouvelle-Zélande le 7 août, elle a dû encaisser d’abord huit jours d’une navigation éprouvante face aux vents. Un mois plus tard, elle a trouvé ses marques tant sur le plan personnel qu’artistique. Rencontre avec une artiste passionnée qui utilise une méthode très particulière, fine et précise comme son coup de crayon.
V.H. : NOÉMIE, QUE GARDES-TU RÉTROSPECTIVEMENT DE TES PREMIÈRES HEURES À BORD ?
N.S. : « Je n’ai pas l’habitude de voyager. Avant de partir dans cette aventure, je ne savais pas comment me préparer. Je suis arrivée en Nouvelle-Zélande avec un paquet de stress mais aussi beaucoup d’envies. Amarrée sur son quai à Whangarei, Tara et son équipage m’attendaient pour appareiller. On était presque à la tombée de la nuit. Quand j’ai vu le bateau, j’ai eu une décharge de soulagement. J’y suis, c’est parti ! J’avais voyagé pour commencer un autre voyage.
Je n’ai pas eu ensuite de vrais moments d’adaptation. Personne n’avait trop de temps pour s’occuper de moi. Donc, j’ai fait du mimétisme et peu à peu je me suis adaptée à une mer hypra-mouvementée. Je me disais « je n’ai pas d’autres choix que de faire confiance à cet équipage que je ne connais pas pour rester en vie ! Je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait. »
Noémie Sauve dessine au crayon du corail fraîchement collecté © Vincent Hilaire / Fondation Tara Expéditions
V.H : UN MOIS PLUS TARD, ON TE SENT TRÈS À L’AISE À BORD DE TARA. APRÈS CETTE ENTRÉE EN MATIÈRE MOUVEMENTÉE, L’EXPÉRIENCE SE RÉVÈLE FINALEMENT POSITIVE ?
N.S. : « En un mois j’ai l’impression d’avoir vécu plusieurs saisons. On se rend compte vraiment qu’on voyage sur l’eau. La mer et les vents sont sensibles à tous les paramètres environnementaux. On ressent le globe. Je me sens aussi invincible maintenant ! (Rires). Ce baptême du feu très difficile pour moi, alors que je suis l’artiste qui vient voir les scientifiques, ça a aussi créé un lien avec les marins. Une amitié tacite. J’ai compris que c’était eux qui m’accueillaient avant tout. Avec cette navigation, on a fait un point, on est tous soumis aux éléments, c’est comme un étalonnage de nous dans les mers.
Dans ces eaux agitées, chaque vague a une identité. Elle porte une chaleur, une conversation de l’intérieur avec l’extérieur, une résonnance. L’océan est cartographié, mais cette dimension, ce paysage émotionnel, ne l’est pas par exemple. On sent la vie sous l’eau et les influences de cette vie hors de l’eau. »
Exposition improvisée du dessin de Noémie Sauve sur les poissons de coraux fluo avec une torche de lumière bleue © Vincent Hilaire / Fondation Tara Expéditions
V.H : NOÉMIE AS-TU AUJOURD’HUI UNE IDÉE PLUS PRÉCISE DES OEUVRES QUI TE SERONT INSPIRÉES PAR CETTE RÉSIDENCE ?
N.S. : « Avant de venir à bord, je voulais créer un projet de lecture du paysage dans lequel on identifie l’influence des activités humaines, avec, dans la forme, un clin d’œil aux grandes expéditions naturalistes du XVIIIème siècle.
Un mois plus tard, j’ai une idée plus précise des différentes palettes qui vont me permettre de donner corps à ce projet. Mes palettes sont philosophiques, scientifiques, maritimes, techniques. Dans mes dessins, mes schémas, mes graphiques de travail, j’intègre ensuite ces palettes par des couleurs, des objets, des coraux, des feuilles, des poissons, des vagues.
Je me suis fait des repères et j’essaie de mettre en connexion ces palettes dans ces premiers travaux. De retour à mon atelier parisien, c’est cette matière qui me permettra ensuite de commencer vraiment le travail.
Noémie Sauve plonge sur les patates de corail pour s’inspirer de ces paysages sous-marin © François Aurat / Fondation Tara Expéditions
Les échanges avec les scientifiques m’inspirent beaucoup puisque chacun de ces dessins ou futures sculptures, par exemple, sont des outils de réflexion. Une illustration : l’écologie est un tout, alors que la science ne l’aborde traditionnellement que discipline par discipline. Cette question sera présente dans mes futures créations.
Je peux vous dire déjà que le dessin sur le corail aux prises avec l’acidification de l’océan et la hausse des températures, entre autres, sera l’une des œuvres que je garderai au final de toutes ces premières ébauches. En fait, j’ai beaucoup d’idées.
En sculpture, je vais travailler plus particulièrement sur les fluorescences fantasmées.
On s’aperçoit souvent que le genre humain, plutôt que de respecter ce qu’il ne comprend pas, veut systématiquement le maitriser. Les paysages coralliens que nous découvrons avec Tara Pacific n’y échappent pas. Je vais donc créer des paysages imaginaires pour les amener à s’intéresser plus à cette complexité.
Je pense aussi créer des exosquelettes, comme le font les polypes, en me servant de la technique de l’électrolyse du métal. »
Propos recueillis par Vincent Hilaire
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